Créer sa voiture autonome pour 1000 dollars

Et si je vous disais que j’ai rendu ma voiture autonome, sans acheter une Tesla à 100 000€ ?

Depuis tout petit, les nouvelles technologies et l’informatique font partie de ma vie. D’aussi loin que je me souvienne, les ordinateurs et leur capacité à accomplir des tâches automatiques me fascinaient. Dans cet article je vais vous parler de l’envie de créer ma voiture autonome.

En 2006, alors que j’avais 10 ans, je suis allé voir les indestructibles au cinéma. Alors que Robert Parr se baladait tranquillement dans sa voiture, un problème apparu. Il dût se changer en monsieur indestructible au volant de sa voiture, tout en conduisant. Il activa alors le système de conduite autonome de sa voiture, qui prit le relai sur sa conduite. Maintenant qu’on avait l’idée, il fallait la mettre en forme.

Nous sommes quelques années plus tard, avec l’arrivée de Tesla. Tesla a ajouté des composantes techniques sur ses voitures qui permettaient la conduite autonome de celles ci. Sauf qu’il y a un problème. Le prix de la Tesla était alors de 100 000$ minimum. Aïe.

Le projet Open Pilot

Tesla a révolutionné l’industrie avec son Autopilot, mais leur solution restait réservée à une élite. C’est là qu’un hacker de génie est entré en scène.

Un jeune programmeur bien connu de la Silicon Valley a défié Elon Musk. Il lui a dit qu’il serait capable de rendre n’importe quelle voiture autonome, à condition qu’elle ait le hardware pour se faire. Ce codeur, c’est GeoHot (George Hotz), la première personne connue pour avoir hacké l’iPhone et la Playstation 3. Il avait lui aussi pour but de créer une voiture autonome. Il a également souhaité que son système s’adapte à toutes les voitures, et qu’il ne soit pas uniquement sur un seul modèle.

Spoiler alert: il a réussi son pari.

George Hotz – Source: theverge.com

Quelques temps plus tard, GeoHot a laissé le code de son programme Open Pilot en libre accès sur internet. Le projet est devient alors open source, et tout le monde peut accéder au code pour l’utiliser et le modifier. Les développeurs ont donc ajouté des fonctionnalités et adapté le code source d’Open Pilot à leur propres véhicules. C’est bien de voir les véhicules autonomes chez les autres, mais c’est quand même mieux d’avoir le logiciel sur sa propre voiture.

OpenPilot utilise des caméras, des capteurs, et de l’IA embarquée pour analyser la route en temps réel. Le tout tourne sur un boîtier relié au bus CAN de la voiture, qui lui permet de la contrôler comme un humain le ferait.

C’est quoi un projet Open Source ?

L’Open Source est une manière de définir les logiciels qui partagent leur code source avec la communauté pour permettre la collaboration entre tous les programmeurs qui souhaitent prendre part au projet.

Création de la société Comma AI: démocratiser la voiture autonome

Après ses premières expérimentations en solo, George Hotz a fondé Comma AI en 2015, avec une idée simple mais ambitieuse : démocratiser la conduite autonome. Contrairement aux constructeurs automobiles qui enfermaient leurs systèmes dans des véhicules à plusieurs dizaines de milliers d’euros, GeoHot voulait un système ouvert, adaptable, bon marché, et surtout évolutif.

Comma AI a donc développé OpenPilot, un logiciel open source capable de transformer une voiture “classique” en voiture semi-autonome de niveau 2, à condition qu’elle soit compatible. Plutôt que de créer une voiture entière, l’équipe s’est concentrée sur l’intelligence de conduite : un “cerveau” qui peut s’intégrer dans des milliers de véhicules différents.

Le projet a rapidement pris de l’ampleur, notamment grâce à la communauté de passionnés qui s’est créée autour de lui. Le serveur Discord officiel de Comma AI est devenu une vraie fourmilière d’entraide, de tests, de partage de code, de retours utilisateurs, et d’expériences de conduite.

Et hop, sans les mains !

Et c’est ça qui rend le projet aussi unique : chaque amélioration du code vient directement du terrain, par les utilisateurs eux-mêmes. Tu galères à faire reconnaître ta voiture par le boîtier ? Quelqu’un sur le Discord a probablement déjà eu le problème. Tu veux contribuer à une nouvelle fonctionnalité ? Tu peux directement proposer une pull request sur GitHub. La route vers l’autonomie se construit collectivement, en temps réel.

Quelques chiffres sur Open Pilot:

  • 44 000 membres sur le Discord
  • 10 000 ventes de leur dernier boitier (Comma 3X)
  • 100+ millions de kilomètres parcourus
  • 10 000 utilisateurs d’Open Pilot
  • 300+ véhicules compatibles
  • 50 000 favoris sur le repo GitHub

Les différents niveaux de la voiture autonome

Afin de définir à quel point notre véhicule est autonome, voici les différents niveaux d’autonomie. En 2025, lorsque les marques nous parlent de véhicules autonomes, elles sont souvent au niveau 2 ou au niveau 3. Ces niveaux là nous permettent déjà de céder une grande partie de la conduite à sa voiture.

  • Niveau 0: Aucune aide, le conducteur maitrise la vitesse et le déplacement latéral avec le volant.
  • Niveau 1: La voiture maitrise la vitesse (régulateur) ou le déplacement latéral.
  • Niveau 2: La voiture maitrise la vitesse et le déplacement latéral. Le conducteur doit toujours garder un oeil sur la route.
  • Niveau 3: La voiture maitrise la vitesse et le déplacement latéral. Le conducteur peut faire d’autres activités derrière le volant, mais doit être capable de reprendre la main au besoin.
  • Niveau 4: La voiture est entièrement autonome sur certaines portions prédéfinies.
  • Niveau 5: La voiture est entièrement autonome dans toutes les situations.

Quelles sont les sécurités sur OpenPilot?

Très bien, maintenant notre voiture autonome roule toute seule sur la route. Mais avez vous pensé au danger que cela importe ? Que ce soit pour le conducteur du véhicule ou encore pour les autres usagers de la route. Bien sûr, afin de rendre ce projet plus sur le projet Comma AI embarque des sécurités au sein du logiciel.

Cependant, il est important de garder en tête que ce logiciel est un véhicule autonome de niveau 2. Le conducteur doit donc garder la tête à tout moment sur la route et doit pouvoir reprendre la main sur le véhicule quand il y en a la nécessité.

Le Driver Monitoring (moniteur du conducteur), utilise une caméra qui vous observe en permanence, s’assure que vos yeux restent bien sur la route. Si vous somnolez ou détournez le regard, l’alerte retentit. Vous n’êtes jamais totalement passager.

Driver Monitoring – Source: The Verge

La conducteur peut toujours reprendre la main sur le véhicule. Peut être que cette fonctionnalité vous paraitra banale. C’est quand même important de pouvoir reprendre la main à tout moment pour sécuriser sa conduite en cas de problème. Même si cette fonctionnalité est basique, il faut y penser lors de la conception du logiciel.

La conduite est fluide, et donc Open Pilot ne donne pas de coups de volant dans les courbes. Le fait de ne pas surprendre le conducteur avec des comportements de conduite inapproprié va ajouter une couche de sécurité. Dans le cas où la voiture réagit d’une manière incertaine, le conducteur peut reprendre la main sur le véhicule d’une manière inattendue pour corriger une trajectoire et cela peut mettre en danger le conducteur et les autres usagers de la route.

Une présentation de ce que met en place Comma AI pour la sécurité se trouve sur ce lien.

Le premier français a avoir bénéficié d’OpenPilot (c’est moi ehehe)

Ce n’est pas sans fierté que je peux dire que j’ai été un pionnier pour le projet OpenPilot en France. La première livraison du boitier « EON », nécessaire au bon fonctionnement d’Open Pilot a été chez moi. Il ne me restait plus qu’à adapter le code à ma propre voiture.

Les 6 mois qui ont suivi la réception de ce bijou de technologie m’ont valu beaucoup de moqueries:
« – Alors, quand est-ce que ça va rouler tout seul ?
– Ça marchera jamais ton truc, tu t’es fait arnaquer. »

Bon, je l’avoue, sur le moment, c’était difficile de se dire l’inverse. Les faits étaient là. Je devais encore tourner le volant de ma voiture. Mais un beau jour, alors que je continuais à persévérer dans le développement de ce projet, j’ai téléchargé une version mise à jour sur le boitier en sortant du travail. Quelques kilomètres plus loin, j’activais le régulateur comme à mon habitude. Et c’est là que le volant s’est mis à devenir un peu plus raide.

J’avais compris. Ça avait marché.

Ce jour-là, j’ai ressenti un mélange rare : la fierté d’un bidouilleur, l’excitation d’un gosse devant un film de science-fiction, et l’adrénaline d’un test grandeur nature. Le code que j’avais mis à jour avait permis au boitier de communiquer avec la voiture. Et donc de la rendre autonome.

Petite fierté personnelle ! Lien

Par la suite, j’ai poussé le code sur le répertoire de Comma AI pour apporter ma pierre à l’édifice et ainsi devenir un contributeur du projet.

Et vous, ça vous inspire quoi les voitures autonome ? Futur évident de la conduite ou alors utopie irréalisable ?

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